Hissons les voiles !

Utiliser le vent comme énergie pour faire avancer un navire tombe sous le sens. Ce fut pourtant l’objet d’un combat de longue haleine au Parlement européen ! Les voiles ont pourtant propulsé les navires pendant plusieurs millénaires. Elles ont progressivement été remplacées par des systèmes de propulsion plus efficaces, plus sûrs, plus rapides mais également plus polluants.

Or, l’Union européenne a pour ambition de devenir le premier continent à réduire ses émissions de 50% d’ici 2030. Tous les secteurs économiques sont concernés. Le secteur maritime, émetteur à hauteur de 13% des émissions de gaz à effet de serre dans le domaine du transport, doit aussi effectuer une transition énergétique importante.

Exposition vélique strasbourg

Exposition vélique Strasbourg – Wind ship

Combat au Parlement européen

De nombreuses entreprises en France et en Europe développent des technologies pour utiliser le vent. Gratuit et abondant c’est une propulsion qui peut être adaptée au transport de marchandise, mais qui n’était pas identifiée au niveau réglementaire européen. Conscient de cette problématique, j’ai tenté de faire reconnaitre le vent comme un moyen de propulsion décarboné. Pourquoi ? Car ces projets ont besoin d’aides financières pour se développer, de reconnaissance à l’internationale et de soutien politique pour inspirer le reste du monde. Oui l’Europe peut être un leader mondial dans la transition écologique !

La directive énergie renouvelable

Au début de l’année 2022, le Parlement a travaillé sur la directive énergie renouvelable. J’étais rapporteur de ce texte en commission transport pour mon groupe Renew europe. J’ai déposé des amendements pour proposer une définition commune de la propulsion vélique au sein de l’Union européenne et pour reconnaitre le vent comme énergie renouvelable. Ce fut un échec cuisant. Mes collègues de la commission TRAN ont votés mes amendements mais la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE) les a refusés. J’ai déposé à nouveau ceux-ci lors de la session plénière de mai 2022, sans succès. Je me suis alors rendu compte que ce qui était pour moi une évidence : utiliser le vent pour diminuer les gaz à effet de serre du secteur maritime européen était vu comme une utopie, une folie, par de nombreux députés européens.

Les députés européens ne sont ni spécialistes de tous les sujets, ni tous issus de régions maritimes. Mettre des voiles pour faire avancer un porte conteneur leur paraissait simplement irréalisable.

FUEL UE Maritime

En avril 2022, j’ai déposé des amendements en commission transport sur le règlement sur les combustibles maritimes renouvelables et bas carbone, qui a pour objectif de diminuer de 80% les émissions de gaz à effet de serre du secteur du transport maritime.

Immédiatement, je me suis heurté à une grande réticence de toute part. Ce n’est “pas le bon texte”, il est “uniquement pour les carburants”. Pour convaincre mes collègues j’ai accueilli au Parlement européen de Strasbourg une exposition sur les projets existants et en cours de réalisation lors de la plénière d’octobre 2022.

Intervention du 18 octobre 2022 en session plénière du Parlement européen

Lors des négociations entre le Parlement, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne un déclic se fait et je parviens à convaincre de l’importance de la propulsion vélique. Le 23 mars 2023 le texte est adopté en trilogue ! Il sera proposé au vote des députés européens à l’été 2023 en session plénière.

Résultats de ce combat de longue haleine ?

  • Une définition claire et unique dans les 27 États membres
  • une incitation financière pour les armateurs en fonction des gains d’émissions de CO2 généré par l’installation
  • Des élus sensibilisés, c’est devenu une priorité politique pour Renew Europe
  • Les services de la Commission européenne se sont maintenant saisis du développement de la propulsion à la voile en Europe

Transports, pêche et recherche : hissons les voiles !

Le 31 mars dernier j’ai organisé à Brest un événement pour faire découvrir au public plusieurs projets bretons. L’occasion d’échanger avec des acteurs précurseurs de la propulsion vélique !

Le secteur auquel on pense le plus souvent c’est celui de transport, mais l’usage de la voile peut être étendu à d’autres domaines d’activité.

TOWT : pionnier en terme de voilier cargo, le premier étant attendu pour décembre 2023. Trois autres navires suivront. Ils pourront emporter 1100 tonnes de marchandises à travers les routes maritimes.

Skravik : catamaran de pêche, “sterne” en breton, ce voilier pratique la pêche professionnelle au casier et à la formation de la voile pour la pêche. Il effectue également des missions de recherche en rade de Brest

Blue Observer : le voilier Iris effectue des missions océanographiques à la voile. Sa première mission de dépose de balise Argo a été un succès et il devrait repartir prochainement dans l’Océan Indien.

Lithographie de TOWT : plan du voilier-cargo

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